Histoire et Origines du Vin Quinquina Maison

Histoire et Origines du Vin Quinquina Maison

Le vin quinquina, cet apéritif aux notes amères caractéristiques, puise ses racines dans les traditions européennes du XIXe siècle. Son parcours historique mêle découverte botanique, adaptation culinaire et savoir-faire artisanal. Nous explorerons comment cette boisson tonique a traversé les époques pour devenir un classique des caves familiales.

La genèse sud-américaine

L'histoire du quinquina commence avec l'écorce de quinquina (Cinchona), récoltée dans les Andes. Les peuples Quechua l'utilisaient contre les fièvres bien avant l'arrivée des Européens. Le nom "quinquina" dérive d'ailleurs du quechua "kina-kina", signifiant "écorce des écorces".

L'arrivée en Europe

Dès les années 1630, les Jésuites introduisent cette écorce médicinale en Espagne. Elle gagne rapidement les apothicaires français sous le nom de "poudre des Jésuites". Sa popularité explose lorsque le médecin anglais Robert Talbor en guérit Charles II d'Angleterre en 1679. La quinine isolée en 1820 par Pelletier et Caventou marque un tournant.

Naissance de l'apéritif tonique

Les premières versions vinifiées apparaissent vers 1840 dans le Jura français. Les vignerons macèrent l'écorce dans du vin blanc pour adoucir son amertume prononcée. Cette préparation initialement médicinale évolue rapidement en boisson sociale.

L'âge d'or des grandes marques

  • 1863 : Joseph Dubonnet crée son apéritif pour inciter les légionnaires d'Afrique du Nord à consommer de la quinine
  • 1875 : Byrth développe sa recette à Port-Vendres, utilisant des vins doux naturels
  • Années 1920 : Saint-Raphaël et Lillet industrialisent leur production

Plantes amères dans la composition

L'équilibre aromatique repose sur un savant mélange végétal :

  • Écorce de quinquina : apporte l'amertume caractéristique et les quinoléines
  • Gentiane jaune : ajoute une amertume terreuse et des notes végétales
  • Quassia amara : intensifie la composante amère sans apport aromatique dominant
  • Zeste d'orange amère : contrebalance par ses notes zestées

L'art de l'assemblage

Les recettes historiques intégraient souvent des épices complémentaires : cannelle de Ceylan, cardamome verte ou noix de muscade. Ces ajouts créaient une complexité aromatique masquant partiellement l'amertume médicinale. La macération durait plusieurs mois dans des fûts de chêne.

Évolution vers la production domestique

Les pénuries de quinine durant les guerres mondiales poussent les familles à créer leurs propres recettes. Les versions maison substituent parfois l'écorce rare par des plantes locales : racines de pissenlit, feuilles d'absinthe ou centaurée. Cette adaptation marque la naissance du quinquina maison tel qu'on le connaît aujourd'hui.

Renaissance artisanale

Depuis les années 2000, on observe un retour aux préparations traditionnelles. Les amateurs recherchent des saveurs authentiques et des amertumes mieux intégrées que dans les versions industrielles. Cette tendance s'inscrit dans le mouvement plus large du retour aux apéritifs faits maison.

Recette pas à pas

Préparation traditionnelle pour 2 bouteilles (1,5L) :

  1. Dans un bocal stérilisé, versez 1 litre de vin blanc sec (type Sauvignon)
  2. Ajoutez 10g d'écorce de quinquina, 5g de racine de gentiane, 3g d'angélique
  3. Incorporez les épices : 1 bâton de cannelle, 3 clous de girofle, 1 noix de muscade râpée
  4. Mettez 50g de sucre de canne et les zestes de 1 orange bio
  5. Fermez hermétiquement et placez à l'obscurité 3 semaines en agitant quotidiennement
  6. Filtrez à travers un linge fin et transvasez en bouteilles
  7. Laissez reposer 2 mois avant dégustation

Astuces de chef & accords mets-vins

Pour équilibrer l'amertume :

  • Contrôlez la macération : goûtez toutes les 72h après la 2ème semaine
  • Préférez un vin blanc assez structuré (Pacherenc, Jurançon sec)
  • Ajoutez 2 cuillères à café de miel après filtration pour adoucir

Accords recommandés :

  • Amuse-bouches : toasts au foie de volaille, rillettes de maquereau
  • Fromages : comté vieux, mimolette extra-vieille
  • Desserts : tarte au citron meringuée, pain d'épices

Synthèse historique et pratique

Thème Information clé Astuce pratique Accord mets-vins
Origine botanique Écorce de Cinchona (Pérou) Choisir des écorces certifiées sans pesticides -
Premières recettes Macération dans vin de liqueur (1840) Utiliser un vin à 11-12° pour meilleure extraction Olives noires à la Provençale
Plantes complémentaires Gentiane, quassia, angélique Doser les amers à 0.5% max du volume total Biscuits salés au sésame
Vieillissement 3 mois minimum en bouteille Conserver à 12-14°C à l'abri de la lumière Terrine de campagne
Service Température idéale : 8-10°C Servir dans des verres à pied type "tonic" Comté 24 mois

Le vin quinquina incarne la rencontre entre pharmacopée traditionnelle et culture viticole. Sa fabrication maison permet de retrouver des profils aromatiques plus complexes que les versions industrielles, avec une amertume mieux intégrée. En maîtrisant les temps de macération et le choix des plantes amères, on obtient un apéritif personnel qui évolue favorablement avec le vieillissement.

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Tous nos mix apéritifs (quinquina, hypocras, vin chaud…) sont produits artisanalement près de Lyon.

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